Bien qu’en discussion depuis plusieurs années, c’est au 31 mars de cette année que le terme de QVT laisse sa place à l’acronyme QVCT dans le Code du Travail. Est-ce qu’un mot de plus peut tout changer ? Les Directions RH se sont-elles déjà appropriées le sujet ? Mais surtout, quel est le fond du sujet derrière ce nouvel acronyme ? Faisons le point avec notre équipe Conseil et Qualité de Vie au Travail.
Adieu QVT, bonjour QVCT
La « Qualité de Vie et des Conditions de Travail » prend désormais une place officielle prépondérante après avoir intégré l’ANI sur la santé au travail du 9 décembre 2020. Mais est-ce qu’une lettre de plus peut vraiment changer le fond des choses ? Quand certains critiquent une action « marketing » plus que concrète pour mettre en avant les conditions de travail, nos experts Conseil et Qualité de Vie au Travail s’entendent à dire que quoi qu’il en soit, cet acronyme permet de recentrer la notion de QVT sur le travail en lui-même. « Cette officialisation dans le Code du Travail vient clarifier et centrer le sujet sur les conditions de travail qui est le vrai sujet de la QVT », explique Killian, Chef de projet Conseil & QVT.
En effet, même si la QVT a été prise en compte par les employeurs, et d’autant plus depuis la crise de la Covid, les DRH abordent bien souvent cette notion sous l’angle des services apportés aux collaborateurs pour faciliter leur vie « à côté » du travail. Noémie, consultante QVT, a évolué auprès des Directions des Ressources Humaines dans sa carrière avant de rejoindre ACCA Professionnels. Elle témoigne de ce point de vue de l’entreprise : « l’accompagnement individuel, le télétravail, ce sont des sujets qui ont évolué depuis la crise Covid, ils sont au cœur des préoccupations des DRH. En revanche, les conditions de travail ne faisaient pas partie du champ d’action de la QVT pour la majeure partie des entreprise que j’ai vues, d’ailleurs le terme de QVCT, même s’il est évoqué depuis quelques années, n’est pas du tout entré dans le vocabulaire des DRH pour le moment. »
Replacer le travail au cœur des enjeux
D’une stratégie de marque employeur à une stratégie de fidélisation durable
La QVT pouvait être utilisée comme un outil marketing pour séduire ou fidéliser de nouveaux talents. « À moyen terme, la vision actuelle de la QVT réduit le turnover, oui, mais à long terme, elle n’a que peu de poids dans la fidélisation des talents, alors que la QVCT a un réel impact sur le long terme ». Pour Laetitia, Cheffe de projet, la Qualité de Vie et des Conditions de Travail va permettre d’ouvrir des réflexions centrales sur les conditions de travail plus que sur les services aux employés, pour toucher aux véritables problématiques et les traiter définitivement. « Il ne faut pas oublier que le cœur de l’entreprise, et donc des personnes qui gravitent autour, c’est bien le travail et pas seulement son environnement autour. »
La crise Covid a déjà fait évoluer la vision de l’entreprise sur la QVT
On a vu depuis quelques années une évolution de la compréhension du terme QVT pour l’employeur comme pour les collaborateurs. Du baby-foot à la prise en compte des RPS, cette notion fait le grand écart depuis ses débuts. Mais la crise du Covid a bouleversé l’entreprise puisque les femmes et les hommes qui la composent ont été bouleversés. La prise en compte et le soutien de la santé mentale et physique des collaborateurs est alors devenu une priorité pour les entreprises, et l’accompagnement psychologique a été porté au premier plan de la QVT. Ce sujet, aussi grave que pérenne pendant les 2 dernières années, a porté la prévention tertiaire au cœur des préoccupations. Aujourd’hui, avec un peu de recul et ce nouvel acronyme, il est temps de remonter le fil de la prévention, pour identifier et éliminer les causes et non plus seulement les conséquences.
De la QVT à la QVCT : du réactionnel au préventif
« Faire des conditions de travail et donc de la prévention primaire un pilier de la QVT par le biais de cet acronyme, c’est là tout l’enjeu de la QVCT » explique Killian. Repérer les risques pour les éviter permet d’accompagner tous les acteurs de l’entreprise dans des conditions bénéfiques et d’intervenir avant que les situations deviennent dangereuses. Peu développées pour le moment, les actions de préventions primaires permettent pourtant d’améliorer la santé psychologique et physique des collaborateurs, de faire évoluer la qualité du dialogue social, de fidéliser les collaborateurs et d’attirer de nouveaux talents… La mise en place d’une stratégie de prévention primaire coûte également moins cher que les plans d’urgence de situation tertiaire puisqu’elle permet d’éviter les situations à risque dès la source. C’est le principe du préventif VS le réactionnel.
Comment penser QVCT ?
La QVCT est donc indéniablement une opportunité pour les DRH et entreprises de se saisir de questions d’analyse des conditions de travail pour traiter les sujets de fond et assainir les risques et irritants liés au travail en lui-même. L’entrée en vigueur de cette notion dans le Code du Travail va indéniablement créer une dynamique, lancer des réflexions, même si ce sujet ne sera sans doute pas une priorité dès le lendemain de cette modification. Mais cette action, de la part du législateur, montre sa volonté d’inciter les entreprises à se recentrer sur le sujet du travail. Se pose alors une première question : comprendre ce que les conditions de travail recouvrent et comment adresser ces questions en impliquant tous les acteurs en présence.
Quand on demande à nos 3 experts Conseil et Qualité de Vie au Travail ce qu’ils pensent de l’intronisation de la QVCT dans le Code du Travail, leur réponse est unanime : 100% pour !
Découvrez très bientôt la suite de notre dossier QVCT avec un article dédié aux premières solutions à déployer pour mettre en place une stratégie de Qualité de Vie et des Conditions de Travail pérenne !
Vos experts Conseil et Qualité de Vie au Travail : Killian Boulay, Laëtitia Debourge et Noémie Llodra.